Nouvel Amour

Nikolaï Kartapov, encore l’un des rares contacts que Serge avait gardé à l’extérieur de Karandras. Avec lui, il avait réalisé une transaction d’armes intéressante et maintenant à lui de rendre l’appareil. Serge ne cherchait ni à acheter, ni à vendre des armes, en effet, une armée de contrôleurs fiscaux s’étaient empressés de vérifier sa dernière transaction et le mafieux eut un mal de chien à couvrir tout ça, il n’en dormait plus, et ne mangeait plus. Non là, il venait pour une affaire on ne peut plus grave, une tragédie. La célèbre voiture allemande de marque Mercedes que Serge avait récupéré en héritage lors de sa prise de pouvoir venait de les lâcher. Elle se trouvait au beau milieu du désert de Karandras, près d’une vieille cabane, enfin une cabane, peut être une ancienne enseigne qui a dû fermer fautes de clients. La voiture avait reçu un coup violent de la part d’un camion lors de la course poursuite qui l’opposait aux fiers policiers de Karandras après l’affaire du « coach italien ».

Inutile de vous dire désormais ce que cherchez Serge, il cherchait de nouveau une voiture, mais pas une de ces voitures de concessionnaires, non Serge ne devait pas prendre aucun risque et encore moins sur le véhicule. Et même s’il n’était pas sur de la qualité ni du suivi exact de la voiture, une européenne venant d’Europe, si vous voulez savoir où je veux en venir, convenait beaucoup mieux. Son rendez-vous de la soirée, le premier après l’escapade en territoire italien pour liquider l’entraîneur de boxe, se trouvait sur les docks, le dernier cargo, un Volgo Track, débarquait des produits venus de l’Europe de l’Est en général et parmi elles quelques belles voitures. Ce transport était « sponsorisé » par le clan pour lequel Kartapov bossait, souhaitant sans doute faire une fleur à Serge. En tout cas, il était prêt à payer le prix pour ce véhicule. Il achetait en début de chaîne, il payera donc beaucoup moins cher que les prix du marché classique et encore moins ceux du marché noir. Ces voitures partaient ensuite dans tout l’Ouest et le sud à des clans plus petits qui revendaient à des prix supérieurs à d’autres mafieux qui revendaient au prix fort, les prix pouvant atteindre des folies. En lui permettant d’acheter dès la sortie du dock, Kartapov lui faisait vraiment un beau cadeau, d’autant plus que l’anniversaire du mafieux approchait.

L’heure du rendez-vous était fixée pour 23h30, une transaction tout à fait légale, ce cargo étant enregistré dans la liste des arrivées. Ce que les autorités ne savent pas, le contenu. Cette fois-ci, c’est Youri qui vient prendre son patron dans sa propre voiture, une allemande également, plus sportive mais beaucoup moins performante et tape à l’œil, une Audi. Le chauffeur se gara sur le trottoir, sortit du véhicule pour aller chercher son patron. Il allait entrer dans le bâtiment lorsqu’un agent de la circulation l’interpella quelques mètres plus loin.

« Hep, vous n’avez pas le droit de vous garer ici, dégagez votre véhicule où je devrais vous mettre une amende. »

Youri fit semblant de ne pas entendre comme d’habitude.

« Monsieur, je vais vous la mettre votre contravention. »

Le type sortit son calepin comme une menace, l’œil du chauffeur devint rouge, il se détourna de la porte comme pour agresser cet agent. La porte s’ouvrit brutalement brisant l’élan de Youri. Serge en sortit silencieux, ne prêtant guère attention à la situation, il s’installa dans le véhicule, ouvrant la porte lui-même. Youri lança un sourire et revint dans le véhicule, il s’en sortait bien pour une fois.

« C’est assez bizarre de vous voir ici, dans ma voiture patron. D’habitude, c’est ma femme et mon gosse que je trimbale là dedans. »

Serge lui coupa la parole.

« Roule ! »

Youri s’exécuta et lança un regard dans le rétroviseur où l’agent reprit son service. Le voyage se fit dans le calme plat, Serge gardait fermement une valise dans lequel il avait gardé quelques devises en liquide, il espérait en avoir pour un bon prix, il savait exactement la voiture qu’il allait choisir. Un type avec un chasuble fluo leur indiqua la route lorsqu’ils entrèrent vers les docks. Près du canal, un cargo repeint récemment flottait royalement, un docker en train de faire son boulot, leur contrat de travail stipulant qu’ils peuvent bosser jusqu’à minuit. Déjà plusieurs conteneurs se trouvaient au sol et Youri gara sa voiture, prêt à repartir en quatrième vitesse. Les deux hommes descendirent, se rapprochant d’un groupe de quatre hommes qui n’avaient pas tellement l’air d’être des ouvriers.

La situation était plutôt décontractée et Serge reconnue Kartapov à qui il serra chaleureusement la main. Il en fit de même avec les autres, affichant un sourire de façade.

« Bonjour Monsieur, nous vous attendions. Veuillez me suivre. »

Commença t-il avec un fort accent moscovite. Ils se dirigèrent vers un container devant lequel un type louche faisait la ronde.

« Tu peux ouvrir. »

Lui demanda t-il en russe. Le type acquiesça et commença le travail assez long et fastidieux. Enfin la porte laissa à Serge le bonheur de découvrir une splendide Mercedes d’un noir profond. Elle avait dû être lavé avant l’embarquement. La plaque avait également était changée. Ne pouvant presque pas contenir sa joie, il se reprit pourtant, demandant au pauvre gus à côté du containeur combien il en voulait.

"Tu en veux pour combien ?"

Le vendeur sort alors un Colt-45 et t'abat froidement... euh... à non y a aucune raison ^^

MJ ON

Kartapov observa gravement Helvitch avant de lâcher son prix, sans sourciller. Il esperait ne pas faire fuir son client avec une somme trop grande.

"C'est 40.000 $, elle est encore plus neuve que celle que vous pourriez acheter au Qality Car de la ville. Vous faites une bonne affaire croyez moi."

Restait à savoir si Serge allait accepter ce prix.

Serge connaissait bien Kartapov, ils étaient amis depuis longtemps maintenant, il ne chercherait pas à le baiser, pas lui. Dans la mafia russe, l’amitié joue un grand rôle, elle est le ciment qui garantit la confiance et empêche souvent les effusions de sang dans un même clan. Lorsqu’un membre sort de cette confiance en trompant ceux à qui il avait juré fidélité, il doit mourir, à n’importe quel prix. Bien peu échappe à l’adage. Ce prix était plus que correct pour le mafieux qui obtenait déjà une ristourne de 30% par rapport au prix du marché et surtout la sécurité de ne pas être filé avec sa plaque d’immatriculation.

Il n’attendit pas très longtemps avant de se décider, se rapprochant du véhicule, une véritable beauté. Elle brillait encore de son noir profond. Où Kartapov avait il pu la dégotter, peut être en Allemagne même, à Paris ou encore en plein cœur de Londres, peut être dans les rues chics de Moscou ou directement mais sûrement plus improbable dans les rues de New York. Serge se retourna vers Kartapov, sa valise dans les mains.

« Je marche mon ami. »

Un sourire se dessina sur le visage des deux mafieux tandis que le type malfamé qui avait ouvert le conteneur commençait à détacher la précieuse cargaison. Serge fit signe à son chauffeur qui rejoignit sa voiture. Serge se rapprocha de Kartapov toujours affichant un sourire de bon aloi. Youri revint avec une valise qu’il transmit à son patron sans rien dire. Youri faisait peut être parti de la famille aujourd’hui et depuis des mois déjà, il ne se montrait jamais, préférant le silence des hommes de main à la prétentieux des chefs de tout poil.

« L’étape du calcul désormais … »

Une petite table pliante se trouvait non loin de là, les Russes étaient adeptes de cet objet et sûrement les seuls à faire tourner le marché de ce genre d’articles. Les mafieux s’approchèrent du misérable mobilier sur lequel Serge posa les deux valises. Il ouvrit la première, vide, la seconde, rempli de billets attachés par du papier blanc. Il commença à transvaser l’argent d’une valise à l’autre sous l’œil vigilant de Youri qui scrutait aux alentours et en particulier au type qui s’attardait sur la voiture.

La transaction se passa sans problème. Les deux valises fermées, Serge transmit la bonne valise à son interlocuteur avant de lui serrer chaleureusement la main, un peu trop même, le bras faillit partir, Kartapov n’étant plus de la dernière jeunesse. Un bruit de moteur rompit le silence, l’Allemande sortit du containeur piloté par le type louche qui en descendit rapidement, laissant tourner le moteur. Il se mit en retrait sans rien dire, toujours le visage grave.

« Bien, je ne te remercierais jamais assez mon ami. Mais j’ai peut être quelque chose pour toi, si tu restes à Karandras quelques jours, j’ai une transaction qui pourrait t’intéresser. »

MJ :

T'as as ton "nouvel amour", reste lui fidèle... Remarque bête : Pour le prix que tu as payé, tu lui seras fidèle à jamais...

-40.000$