Serge était reparti presque dans l’heure, ne cherchant pas les plaisirs de la ville des anges, non il n’en avait que faire et Youri également il y avait déjà de coin s’amuser à Karandras et puis il y avait le boulot.
Serge avait prit contact avec tous les trafiquants de flingues qu’il connaissait dans cette ville, en majorité des russes bien évidemment, enfin, il ne connaissait qu’eux d’ailleurs. Il donna rendez-vous à cinq gros poissons venus du sud et de l’Ouest des Etats-Unis, de vieux amis, quatre jours plus tard, le temps que la marchandise puisse arriver à bon port, à savoir le fabuleux restaurant « Irkoutsk » que Serge appréciait tout particulièrement pour son ambiance, ses plats et sa complaisance avec les mafieux russe. La lourde voiture se gara devant le restaurant en plein dans l’avenue centrale. Serge ouvrit la vitre automatique ; il pleuvait ; Le bâtiment était d’un style très haussmanien, comme la plupart des blocs autour. Il referma la vitre après une brève inspection puis la voiture redémarra avant de pénétrer dans un portail situé juste à côté du restaurant menant à l’arrière, l’endroit où le ravitaillement arrive. Le camion de surgelés se trouvait là et un homme marcha à contresens du véhicule pour fermer le portail. La Mercedes se gara et Youri ouvrit à son patron qui décocha un sourire en sentant la fabuleuse odeur qui sortait des cuisines.
D’un pas alerte, il passa devant son chauffeur qui baissa les yeux, Serge grimpa la seule marche avant de se trouver devant la porte de la cuisine. Il se retourna vers Youri qui n’avait pas bouger d’un pouce.
« Tu restes là, et surveilles la région mon frère. »
Puis s’engouffra dans le bâtiment. Il passa dans les cuisines où les cuisiniers travaillaient corps et âmes pour leur plat. Serge ne s’arrêta pas siroter quelques bouteilles alléchantes ni même goûter les nombreux plats, il était précis et puis, n’étais ce pas impoli ? Le chef accourut alors coupant la route à Serge qui afficha un large sourire à sa rencontre avant d’ouvrir ses bras pour l’accueillir, les deux amis s’enlacèrent.
« Monsieur Helvitch, comment allez-vous ? »
Serge se détacha mais tenant toujours le cuisinier par l’épaule lui envoya deux bises.
« Très bien Monsieur Jdenev, vos plats sentent toujours aussi bon, tout est il prêt ? »
Le cuisinier effaça son sourire puis indiqua la porte du salon au mafieux.
« Bien entendu qu’ils vous attendent, ils sont tous là. »
Serge acquiesça d’un signe de tête avant de tapoter l’épaule de Mr. Jdenev. Il soupira, prit une respiration puis poussa la lourde porte. Il s’approcha de la tête où se trouvait les cinq hommes d’affaires fumant et discutant. Serge pouvait se féliciter d’avoir garder d’aussi bonnes relations avec eux.
« Bonjour messieurs, c’est un honneur de vous voir tous ici. »
Serge s’assit devant les sourires et les gestes amicaux des trafiquants alors qu’un serveur accourut pour servir le mafioso, un verre de vodka, comme tout bon début de négociation. Serge garda le silence pendant un bref instant le temps de boire son verre qu’un homme d’affaire prit la parole fixant Helvitch dans les yeux.
« Il paraît que ce sont des quantités minables que tu veux nous faire acheter. »
Serge resta impassible, sembla hésiter à cette attaque qu’il prit pour un affront mais se reprit et répondit du tac o tac.
« Bien sur mais le uzi Israélien ne se négocies plus facilement sur le marché du sud. Si ma route est confirmée, je pourrais faire venir de plus grosses quantités, ça, c’est du rodage si l’on veut, je vous fait tester la marchandise, vous me connaissez, je ne suis jamais ingrat. »
Le trafiquant se rebiffa, lançant un regard satisfait, c’était juste un test. Serge lança plusieurs regards furtifs en direction de ses convives. Ils sont juste venus voir, bouffer à l’œil et avoir des garanties de bénéfices plus importants que dix uzis chacun bien entendu. Sa mission était de développer le marché des Etats du sud et pour ça, Serge devait bien offrir quelques échantillons avant de déverser le marché de flingues en tout genre.
Le cuisinier apparut, suivit d’un garçon.
« Messieurs, je sais que vous n’êtes pas venus pour le souper mais là maison vous offre ces quelques amuses-gueules. »
Le garçon posa le plat et le découvrit, des toasts en tout genre et à tous les goûts. Serge regarda s’éloigner son ami avec un sourire ; il avait même osé ouvrir le caviar maison. Tandis que les businessman dévorèrent les petits fours, Serge revint aux modalités.
« C’est donc très simple, vu la rareté et la qualité du produit, je vous en offres pour 1500 dollars l’unité, et je vous laisses revendre à votre guise, je ne prends aucune commission sur vos ventes, et vous avez ma parole que vous entendrez de nouveaux parler de moi. »
Deux des trafiquants notèrent ces informations sur un carnet avant de regarder avec des yeux peu convaincus.
« C’est presque du vol, tu as vu le marché des armes en ce moment, il explose et tu nous fais acheter à 1500 ? Pauvre fou … »
Serge garda un air impassible mais se saisissant d’un toast répondit sans attendre.
« Attendez, il n’y a plus d’intermédiaires, avez vous fait le calcul avec les taxes et les commissions, je vous offres une autoroute, pas un marche protégé par des vendeurs avides. »
Le plus vieux des hommes d’affaires, un homme de Serge connaissait bien pour l’avoir servit durant quelques mois, se leva et s’exclama devant la petite assemblée.
« Je connais Serge, il a quand même dirigé notre clan ici, ce n’est pas un voleur, je proposes d’aller voir et de lui faire confiance. »
Malgré les réticences de certains, il se résignèrent et les hommes se dirigèrent vers les cuisines, Serge les guidant au travers les différents étables, les cuisiniers semblaient habitués et continuèrent d’effectuer leur tâche habituelle. Serge ouvrit la dernière porte donnant sur la petite cour. Youri sursauta, se redressant, il avait passé la négociation assoupi contre le camion.
« Ouvres la marchandise Youri. »
Et devant un silence de pierre tombale, le chauffeur s’exécuta, avant de pousser la caisse vers l’arrière du véhicule pour que les hommes d’affaires puissent vérifier eux même de la qualité. Youri enleva les planches non sans mal, laissant découvrir les armes flambant neuves. Les trafiquants s’approchèrent comme attirer. Serge resta à l’écart avec son équipier avant de voir arriver vers lui les cinq poissons un par un, chacun lui promettant un virement le lendemain. D’après les calculs, 75.000$ devraient arriver sur le compte de Serge pour des motifs tous différents et bien entendus légaux. Chacun des hommes s’engouffra de nouveau dans le restaurant terminer leur plat alors que Serge et Youri restèrent à l’extérieur, si les cinq hommes sont restés aussi froids c’est que la confiance n’y est plus pensa le mafioso, il faut reprendre du service. Ils viendront chercher la marchandise par leur propre moyen …
Accueil 
Ven 23 Nov - 19:31